Είχα μεταφράσει στα γαλλικά το κείμενο της παρέμβασής μου στην ημερίδα στη μνήμη Καθ. Αθ. Παπαχρίστου (9.5.2016) για τους αλλοδαπούς εισηγητές/συμμετέχοντες στην ημερίδα.
Το ελληνικό κείμενο θα δημοσιευθεί στο προσεχές μέλλον.
Le
rythme en droit, le rythme en musique
Elina Moustaira
Professeur, Université d’Athènes
Membre de la Section Hellénique
de la CIEC
Introduction
La modernité, à l’Occident, a créé une fracture
épistémologiquement profonde entre le droit et les arts, présentant ces deux
champs comme culturellement autonomes, avec une syllogistique distincte pour
chacun, répondant à une logique différente et orientés à de buts différents.
Pourtant, le dialogue interdisciplinaire est présenté par
beaucoup comme inévitable, particulièrement celui entre le droit et les arts.
La production écrite, d’articles et de livres, sur la relation entre droit et
littérature est celle que la plus riche. Elle a fleuri aux Etats Unis, mais
elle a influencé de juristes d’autres régions du monde aussi ; et ces
juristes ont continué les fouilles. Ils ont pensé et continuent à penser que
l’application de méthodes de la théorie littéraire ainsi que de la critique
littéraire peut contribuer à la compréhension meilleure du phénomène juridique,
plus spécifiquement quant à son interprétation.
Droit et musique classique
Ces derniers années, certains
très importants représenantants de la susmentionné tendance insistent que le modèle de l’interprétation
musicale est plus « utile » pour l’interprétation du droit que le
respectif modèle littéraire. Les arguments proposés sont les suivants :
La musique, contrairement
à la littérature, a une relation directe à la performance. Quant, plus spécifiquement,
à la musique classique, l’interprétateur se base à la partition, c’est-à-dire à
de graphèmes rangés en accord avec un plan intelligent de quelque compositeur. La
compréhension de ce « texte » est un stage préliminaire,
indispensable pour la traduction des sons en face de l’audience. Le musicien,
exactement comme le juriste, doit donner de solutions à divers problèmes
interprétatifs. De ces solutions dépendra la cohérence, l’originalité, la
persuasion du résultat de l’interprétation-performance. Aux œuvres musicaux, le
même comme aux actes normatifs, la langue et les indications sur la performance
sont souvent implicites ou imparfaits et c’est l’interprétateur du droit, le
même comme l’interprétateur de la musique, celui qui doit les déterminer plus
concrètement.
Les susmentionnés
arguments se fortifient par les suivants : Le procès légal est une
relation tripartite entre les institutions qui « créent » le droit,
les institutions qui l’interprètent, en l’appliquant, et les sujets qui,
directement ou indirectement sont influencés par l’interprétation. Cette relation
tripartite existe aux arts performants aussi, et plus particulièrement à la
musique, puisqu’il y a trois sujets distincts : le compositeur,
l’interprétateur et l’audience. Le droit est une pratique sociale, laquelle ne se
base seulement aux textes mais aussi aux activités performatives – des tribunaux,
des autorités administratives, des agents de police – lesquelles doivent être
parfaitement coordonnées pour que les buts primaires du système légal se
réalisent. Pourtant, les compositions musicales aussi demandent un effort
combiné de plusieurs sujets, pour que leur existence soit complète[1].
Essayant de trouver si il y
a une relation entre le rythme musical et le rythme juridique, on observe que la
difficulté des juristes occidentaux, qui considèrent comme droit un ensemble
rédigé de règles et d’institutions, de comprendre les droits non-étatiques ou sous-étatiques,
est analogue à la difficulté des représentants de l’analyse musicale
formaliste, de comprendre les formes musicales non occidentales.
Les gitanes d’Andalousie – « Pedimiento »
Une recherche juridique et
musicologique ethnographique sur le terrain, des gitanes de l’Andalousie, présente
un grand intérêt quant à la relation des rythmes juridique et musical et aussi
quant au fait que les analyses formalistes sont incapables d’interpréter autres
formes de musique et de droit et de donner de résultats concrets.
Se concentrant, deux
chercheurs, à un rituel de droit de famille des gitanes, le pedimiento (célébration des fiançailles),
ils ont vu qu’une analyse formaliste d’un rythme concret de flamenco nous donnerait
un schème intellectuel de la règle rythmique qui est suivi tant par les musiciens
de flamenco que par l’audience qui participe ; en même temps, qu’une
analyse des règles du droit de famille des gitanes nous donnerait un ensemble
concis de signifiants lesquels constituent le seuil par lequel le couple doit
passer pour qu’ils se marient légalement.
Voyant les insuffisances d’une
telle analyse conventionnelle (de mentalité plutôt occidentale), ils ont
proposé une alternative qui considérera le rythme (de musique) et le droit
comme pratiques communes de dialogue. On peut comprendre le rythme de cante jondo comme activité commune, et
on peut aussi comprendre la stabilité, la prévisibilité et la régularité du
droit de famille des gitanes. Le fait que ce droit ait une structure lâche et
que ce n’est pas formellement formulé, ne diminue absolument sa régularité. Tous
les deux, le rythme de la musique et la conjugalité, s’incorporent à de gestes,
pompeux, comme le pedimiento, ou quotidiens, comme le respect avec lequel on traite
certains couples, quand ils passent, ou comme le dédain vers tous ceux qui ne
respectent pas leurs « règles ». Tous les deux, le rythme de la musique
et la conjugalité ont tempo et s’expriment avec un rituel dialogique.[2].
Les Eskimos de Groenland – « Chansons-duels »
Les chanson-duels des Eskimos
de Groenland sont encore un très intéressant exemple de relation de droit (non occidental)
et de musique. Le fait que les derniers années, les droits des autochtones sont
reconnus et sont mis en évidence beaucoup plus que dans le passé, a conduit
quelquefois à la consécration officielle des symboles de ces droits. Ainsi, le symbole
du corps judiciaire de Groenland est un tambour avec une baguette. Au tambour on
voit deux figures et le tout symbolise un des moyens que les Eskimos utilisent
pour donner une solution à leurs conflits.
Dans les sociétés des Eskimos,
les chansons s’utilisaient pour établir à nouveau l’équilibre social, mental et
émotionnel. Ils avaient lieu pendant des festivités et servaient à la communication
des tensions, à la prévention de conflit et aussi au divertissement. Il n’y
avait pas de tiers qui pourraient servir comme « juge » impartiale,
c’était l’audience qui avait ce rôle. Le but n’était pas la déclaration de la culpabilité
de tel ou la reconnaissance du droit de l’autre, c’était plutôt la
réintégration des membres de la communauté, qui étaient en conflit entre eux, à
cette communauté.
Les Eskimos, comme
d’autres peuples autochtones, ne produisaient pas ; ils vivaient par la
chasse, la pêche et la récolte de fruits. Les moyens qu’ils utilisaient pour maintenir
l’équilibre social et mental probablement reflétaient ces conditions
économiques, écologiques et spirituelles. Le prosélytisme au Christianisme a eu
comme résultat la diminution de l’autorité des shamans et aussi la diminution
de la grande importance que la danse des tambours et les chansons-duels
avaient. Aujourd’hui, à Groenland, la structure judiciaire est presque similaire
à celle des Etats Européens, à l’importante différence que les juges de
première instance sont de non juristes, jugeant à la base du Code Pénal, du
Code de Procédure Civile et du sens commun. La langue utilisée à la première
instance est principalement la langue groenlandaise. A la Cour d’Appel, les juges
sont de juristes Danois, qualifiés au Danemark et les langues utilisées sont la
groenlandaise et le danois.
Langue, musique et droit
La relation du droit et de
la langue est d’ores et déjà non disputée. Pourtant, il semble qu’il y a aussi
une relation directe entre la musique d’un pays ou d’une communauté et de la
langue parlée, une relation qui influence le droit aussi. D’ailleurs, la musique,
comme la littérature, s’expriment dans un cadre social et culturel précis.
La musique traditionnelle est
bien attachée au rythme du langage quotidien et ça c’est plus évident à
plusieurs pays Africains, ou on parle de langues tonales. A ces langues, la mélodie
du langage n’accentue seulement ce qui se dit, mais constitue aussi un part du
signifié littéral des mots. Quand la mélodie du langage est différente, les
mots aussi signifient autre chose.
La compréhension du droit du
monde occidentale, lequel a influencé nombreux parts du monde occidentalisés, est
une forme de compréhension connectée à une société basée au rythme de la
production industrielle et de la productivité industrielle. Ce rythme contribue
à la création d’une esthétique particulière.
La majorité écrasante des textes
juridiques est de mentalité Occidentale, c’est-à-dire ils sont orientés à la reconnaissance
et l’allocation de culpabilité et à l’attribution de droits. Pourtant, on observe
de changements : par exemple, la promotion de l’ « alternative
dispute resolution ». Donc, un certain changement du rythme de la langue
juridique s’émerge. Ou, plus correctement, il semble que le 21ème
siècle n’ait pas un rythme dominant. On observe plutôt une polyphonie[3].
Il se peut qu’on ait besoin d’un monde qui s’intéresse beaucoup
plus aux mélodies et aux tons que ses membres jouent.
[1] G. Resta,
Variazioni comparatistiche sul tema: “Diritto e Musica”, www.comparazionedirittocivile.it
[2] S.D.
Drummond/J.-M. Sellen, Follow a Rule: Sharing Practice in a Gitano Quarter
in Jerez, Andalucia, 20 Cardozo Law
Review 1423 (1999).
[3] H.
Petersen, On Law and Music. From Song Duels to Rythmic Legal
Orders?, Journal of Legal Pluralism
1998, 75.
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